Soleil Marche Rouge - une cosmologie des Indiens sioux lakota

Principes Lakota de vie et d'intégrité, rudiments de l'Homme placé sous le triple signe du Soleil, du Sentier Sacré et de la couleur Rouge, pour la compréhension des Noms Wakantanka, Wakan kin, Unci Maka, Skan, Wamakaskan, Tatetob, Unsike, Wakiksuya, Hamble, Wiwanyank Wacipi, Wi, Nagi, Nagila, Niya, Sicun.

mercredi 21 janvier 2015

Il faut que je vous dise, la licence du contenu de ce site est libre, c'est la Creative Commons CC-BY-SA version 3.0, nom d'auteur : Aëlo Gwion (pseudonyme). Je tente un peu, oh très modestement, de faire renaître un animisme personnel (et autochtone) en reliance avec les espaces naturels héraultais. Pour me contacter:

lundi 1 mars 2010

SOLEIL MARCHE ROUGE, PRINCIPES LAKOTA DE VIE ET D'INTÉGRITÉ

Le contenu de cette page est inspiré des livres écrits notamment par Hehaka Sapa, Tahca Uste, Leonard Crow Dog, Bernard Dubant (voir bibliographie en fin). Il ne fait que proposer le survol et une interprétation libre de la cosmologie lakota sans prétendre à l'exactitude.

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Les Sioux lakotas se disent eux-mêmes « Hommes Rouges Naturels » : ils sont « rouges » parce qu’ils marchent sur le Chemin Rouge des Générations. « Naturels », parce qu’ils sont des êtres de la Nature marchant sur notre Grand-Mère-la-Terre.

Chez les Lakota, il n’y a pas de prêtre, de dogme, de livre sacré ; le sentiment du sacré vient de la contemplation de la Nature. C’est avec son propre Regard-du-Cœur que chacun à sa manière ressent comment notre vie est sacrée et reliée à tout ce qui est vivant.


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L E S Q U A T R E Â M E S
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Pour les peuples archaïques, il y a en chacun de nous plusieurs âmes, mais en réalité ce sont aussi des corps sublimes, on peut dire éthériques ou astraux. Il n'y a pas vraiment d'opposition ni de séparation entre le corps et l'âme.

Chez les Sioux lakota, il y a quatre types d’âme différents pouvant exister chez une personne : Ombre, Petite-Ombre, Souffle et Pouvoirs.


— « Ombre » :

Ombre est un peu comme l’âme des chrétiens, et chacun possède la sienne ; c’est aussi le fantôme que certains peuvent manifester à distance. C’est aussi notre véritable Moi, parfait, entièrement développé, et qui sait tout à propos de soi, qui nous souffle les réponses quand on doit faire des choix très importants.

Ombre, cela évoque l'adombrement; les Être Ailés, « leurs ombres sont longues et leurs plumes sont longues », ils veillent sur les humains, ils les guident. Les plumes sont leurs gloires. Ombre renvoie à un dharma de la Voie.

Après la mort, Ombre quitte le corps et marche, en direction du Sud, sur la Voie Lactée appelée Chemin de l’Esprit. Au Sud, elle rencontre Celle-qui-les-pousse-au-delà-du-bord, qui est la Grande Chouette vénérée autrefois en Europe, celle dont les yeux de soleil et de lune nous jugent après la mort. Elle examine les « cicatrices » d’Ombre pour voir dans ses souffrances si le mortel a respecté dans sa vie le Chemin Rouge, la voie du bien. Si oui, Ombre peut passer sous le pan de notre monde, notre monde qui est le Tipi Triste, et entrer dans le Tipi Heureux appelé aussi : le Pays de l’Esprit.

Au Pays de l’Esprit, règne la Nature en majesté. Là est la Branche-en-fleur éternellement, là le Fruit mûr, là le Grand Cygne Lumineux veille sur tous ses enfants. Le gibier abonde. Les gens demeurent jeunes, et vivent ensemble dans l’harmonie, sans mensonge. C’est le pays où tout est plein, le pays de la plénitude et de la vérité.

Mais si dans sa vie le mortel a trop suivi le Chemin du Vide pour faire souffrir les gens ou les trahir par égoïsme, cette Femme Hibou, (ou parfois son fils, un éternel enfant), vengera les malheurs du monde en poussant le mortel. Celui-ci est alors « précipité du haut de la falaise » séparant la Voie Lactée à la Terre. Abîmé dans notre monde, le Tipi Triste, le mortel devra y recommencer à zéro une nouvelle vie à essayer de « Marcher d’un pas ferme sur le Sentier Rouge et Sacré des Générations malgré les vents mauvais qui nous poussent dans le Vide et dans l’obscurité. »

De bien des manières, nos actions forment un Cercle, et ce que nous faisons nous revient toujours un jour ou l’autre. Avant d’avoir le droit d’entrer dans le Tipi Heureux, nous devons subir le mal, le vide que nous avons causé à autrui. (Tout ceci est très différent des morales castratrices du « péché » et de l’ « Enfer » prônées par les prêtres, les imams et leurs livres saints, car ici, le mal n’a rien à voir avec la morale.)

— « Comme-l’-Ombre » ou « Petite-Ombre » :

« Comme-l’-Ombre » ou « Petite-Ombre » est l'Âme de Transformation ou de Passage. C'est le pouvoir d'un être de passer d'un monde à un autre, de devenir vivant dans cette nouvelle réalité et de transformer celle-ci par sa venue.

Comme-l'Ombre correspond à l'âme « ba » des anciens Egyptiens et au « mullowil » des Aborigènes de la tribu Warramunga de Groote Eylandt en Australie.

Ce sont les hommes consacrés (les chamanes) qui la connaissent, et ce sont les animaux et les plantes qui en ont une: ils sont le vrai réservoir de la vie au sens sacré ou magique. Les êtres humains semblent ne pas avoir en propre une telle âme-corps. Donc ils ne peuvent pas accéder au sacré directement, ils ne peuvent le faire que par les moyens que leur a indiqué ou transmis Femme Bisonne Blanche, ainsi la Pipe Sacrée, le Souffle Visible, la Voix.

L'homme consacré ou le chasseur invoque l'Animal-Âme (ou Animal idéal), alors Celui-ci crée et multiplie les animaux de Son espèce et les fait apparaître dans notre monde à ces hommes d'une façon conforme au Mystère. Ces animaux et ces plantes sont alors utilisés pour que le peuple humain vive: nourriture, vêtements, habitat, médecine, magie guerière ou chamanique...

Invoquer cette âme (d'animal ou de plante), c'est comme en Australie repeindre l'animal pour qu'il soit recréé en nombre et que le don de sa vie assure la survie des êtres humains, régénère le Monde.

Un homme consacré ou un chasseur peut donc s’emparer de la Petite-Ombre d’un animal ou d’une plante pour bénéficier de Son pouvoir et en faire bénéficier le Monde. Le chamane peut même se transformer en animal... Mais si au contraire la Petite-Ombre d’un animal s’empare d’un humain, celui-ci tombera malade et risquera de mourir. C'est donc uniquement dans une attitude pieuse et humble que ce pouvoir peut être acquis.

Dans l'initiation chamanique, le candidat commence par adopter un comportement déréglé, il part errer dans la nature et vivre de façon animale. Il meurt à l'humanité pour devenir « sacré ». S'il revient, il aura appris une part du Mystère propre à l’Animal qui l'aura initié. A partir de là, le chamane utilise Petite-Ombre de cet Animal (ou de la Plante) comme une âme-Pouvoir (voir plus loin).

Chez les Warramunga, cette âme mullowil est l'enveloppe éthérique qui entoure le corps. Dans le corps réside yowie, le Rêve de l'individu, c'est à dire son caractère et son âme incarnée, lentement sécrétée par les vies antérieures, tandis que tout autour de lui, de nous tous, est dowie; dowie est l'âme parfaite de chacun, c'est aussi l'océan de tous les possibles, car elle est habitée par toutes sortes de formes de vie et autres entités. Mullowil est l'espace intermédiaire entre yowie et dowie, et protège l'individu du déséquilibre mental et de la mort. C'est à travers le mullowil que le Voyant, s'il ose, fera cheminer sa pensée jusqu'au dowie et recevra de celui-ci la réponse: le Message, la Vision.

Si l'on rapproche Petite-Ombre d'autres spiritualités, on peut peut-être dire qu'elle est le mouvement de transformation de l'âme vers son but sacré, vers l'Âme universelle que les Hindous appellent Âtman, située au-delà des formes. Petite-Ombre est aussi la manifestation de cet Âtman en une forme sacrée particulière. Elle est ainsi:
- le voyage du chasseur vers sa Proie + l'apparition de la Proie
- le voyage du voyageur métaphysique vers le monde spirituel + l'apparition de la divinité, objet d'adoration.
C'est par exemple l'immram, la navigation mythique des Celtes vers Tir na nOg qui est le paradis celtique, l'Au-delà. C'est aussi l'apparition de Femme Bisonne Blanche dans ce monde, et toutes Ses transformations lors de son ascension céleste.
Car « l'Absolu est sans forme », Petite-Ombre est la faculté d'abandonner la forme illusoire ou de se jouer des formes pour atteindre l’Âme universelle dont on ne peut rien dire, et de faire Un avec la lumière de l’Absolu.


— « Souffle » :

Le « Souffle », c’est notre respiration, cela s’arrête après la mort. Tout comme le brouillard sacré des Celtes, c'est la condensation (et l'atténuation nécessaire) de la lumière absolue, le mouvement de la vie qui s'élève et transcende. C’est le souffle visible de l’acte de fumer le Calumet Sacré pour faire monter ses prières d’une façon visible c'est à dire reliée au sacré, ou encore, de l’acte de verser de l’eau sur les pierres rougies par le feu afin que la vapeur purifie les participants au rituel de Purification. C’est aussi le vent qui donne vie à tout ce qui existe. Nous baignons dans cette âme de la Nature qui est : les Quatre Vents, le Souffle Sacré du grand Tout. Pour les Hindous, c’est le Brahmân, Formule et formulation de l’univers. Ce Souffle Sacré nous fait participer à l'éclat et au mouvement de tout ce qui est vivant. C’est : comprendre la beauté profonde des paysages naturels ainsi que de tout ce qui vit.

C’est pourquoi Fools Crow a dit :
« Les collines sont notre église ; les rivières et le vent, et les arbres et les choses vivantes, — c’est notre Bible. La Nature est Dieu. Dieu est Nature. Notre vie toute entière, notre gouvernement, notre religion, vient de la contemplation de ces choses. »

Le mouvement des Etoiles, Planètes, Comètes et Nuages, du Soleil et de la Lune est aussi le lieu où les Êtres Ailés créent les Vents et les Souffles qui donnent vie au Monde.

Beacoup de cultures anciennes parlent d'une ame vitale qui procède de quelque chose de matériel et de vital comme le souffle; chez les anciens Egyptiens, c'était les nourritures matérielles et spirituelles (et les offrandes) qui alimentaient le « ka ».

— « Pouvoir » venu d’ « Essence », le Don de l’Envoyé :

Le « Pouvoir », c’est, pour un homme consacré ou une autre personne, un pouvoir magique qu’on a reçu et qu’on a transféré pour une utilisation magique. C'est ce qui nous donne de la force, une force spirituelle. Quelqu’un fait une quête de Vision. Il s’agit d’un rituel très codifié où, pour résumer très brièvement, l’on monte sur la colline, l’on prie et l’on jeûne totalement durant une période allant de 24 heures à 4 jours. Ainsi, le candidat à la Vision trouve la sienne (ou les siennes s’il obtient plusieurs Visions). Dans une Vision apparaît un Envoyé, c’est l’esprit, l’ « Essence » de quelque chose qui n’est pas humain : un Animal, une Plante, des Pierres sacrées… par exemple Grand Ours. Cet esprit essentiel devient comme l’allié de la personne. Il lui fait l’immense, l’incommensurable présent de Se manifester. La personne pourra transférer cette Essence pour la faire passer dans les objets de culte et pour guérir les malades, ou pour influencer la chasse ou la guerre. L’Essence devient Pouvoir. Un homme consacré aura plusieurs Pouvoirs.

Voilà donc les quatre âmes. Mais il y a aussi le Nom et le Corps.


— Le Nom :

La Vision particulière de toute personne, c’est ce qui veut dire « qui » elle est, qui résume sa vie et lui donne son Nom unique. Ce Nom change si une meilleure Vision intervient un jour pour nommer quelqu’un. Cette vision est ce que certains appellent parfois le Totem ou l’Âme-Nom. Ce Nom nous donne de la force, il peut donc être celui d'un Ancêtre ou bien celui de notre propre Vision. Cette force nous aide à « marcher » dans la vie ; elle éclaire notre vie et nous aide à nous Souvenir de qui on est vraiment ou de ce dont on hérite. D’ailleurs, avoir une Vision, en réalité, c'est « se Souvenir » d'elle, car elle est notre vérité et nous La savons depuis toujours. Ainsi, l’acte de se Souvenir de sa Vision confère une surrection semblable au dieu égyptien Khépri, l’Existant qui renaît du néant, dieu dont le nom signifie en effet : l’Existant.


— Le Corps :

Nous avons aussi un Corps qui provient de Grand-Mère-la-Terre et qui, après la mort, retournera à elle. C’est le seul bien que nous possédons. Grand-Mère-la-Terre nous le donne et le nourrit avec amour par tout ce qu’elle fait pousser et croître sur elle : animaux et plantes. Vivre, c’est marcher, avec son Corps, sur Grand-Mère-la-Terre, en direction du Sud, là où on trouve l’amour, là où les désirs sont comblés, là où les gens sont grands et beaux, là où sont les fruits mûrs.

Notre Corps participe aussi de l’amour du Bison pour l’humanité (voir plus loin).


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L E M O N D E, L A V I E, L A C R O Y A N C E
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Il y a deux « chemins » ou « routes » dans la vie : le Chemin Rouge et le Chemin Bleu. La Bonne Route Rouge est celle que doit s’efforcer de suivre le Sioux Lakota. La Voie Bleue est la voie qui cause la souffrance. La Route Rouge est couleur de sang, car c’est le Chemin des Générations. Elle va du Nord au Sud, c'est-à-dire de la pureté à la fécondité. La Route Bleue est couleur de la nuit, c’est le chemin du Vide, elle va de l’Est à l’Ouest, de la lumière à l’obscurité. Pour comprendre ces choses, il faut expliquer comment les Lakota représentent notre univers.


LES QUATRE DIRECTIONS

Le monde est un Cercle formé par les quatre directions, les quatre points cardinaux appelés Quatre Vents.

— L’Ouest, noir, est le « Lieu où le Soleil descend » ; c’est le pays des Ténèbres, c'est-à-dire là où est la nuit, là où sont les cérémonies, le temps du rêve et des Visions. C’est là où les choses sont inversées. C’est le lieu des choses sacrées les plus primitives. Là se trouvent à la fois les monstres des eaux qui menacent de submerger le monde, et leurs ennemis les Êtres Ailés, notamment celui dont l’œil unique, en vengeur de l’ordre cosmique contre les forces de destruction, foudroie tout être qui ose le contempler. Ce justicier contre les forces du Vide frappe avec la soudaineté de l’éclair et son regard réduit l’homme matériel en cendres.

— Le Nord, rouge, le « Lieu où vit le titan Waziya », est le lieu de l’hiver, de la purification et des possibilités futures. En hiver, la graine est sous la neige et attend son heure. Les gens souffrent du grand vent glacial du Nord. C’est le temps de se consacrer à l’art. C’est comme si on était brûlé. Quand on respire, le souffle sacré de la vie devient visible. Voilà pourquoi ce lieu est le lieu de la purification. Car il rappelle le feu et la vapeur qui font partie de la cérémonie de purification. Le temps de la purification est avant qu’on commence quelque chose. Le Chemin Rouge part du Nord pour aller au Sud. Le Nord est la racine, l’origine.

Ce temps proche de la mort est représenté par le titan des neiges Waziya, lié aux maléfices. C’est aussi un contraire, un heyoka (il fait tout à l’envers). Il vit dans le grand Nord. Il veille sur un feu bleu et glacial, et la tempête de neige est hurlée de sa bouche.

— L’Est, jaune, est le « Lieu où le Soleil entre ». C’est la lumière qui entre dans le monde comme on entre dans le tipi. Comme le premier homme qui a émergé à la lumière du monde pour commencer à marcher sur la Terre. C’est le lieu du matin et du printemps. C’est le lieu de la jeunesse ; c’est celui quand on commence quelque chose qui change notre façon d’être et de voir. Là où l’on rencontre le Grand Bison, celui qui nous nourrit de sa chair et nous vêt de sa peau pour la première fois. C’est là où l’on commence à comprendre en utilisant son intelligence. Même si une grande force, un espoir anime tout ce qui commence à vivre, c’est aussi là où commence le danger, et où l’on peut se perdre. A l’Est, l’être de sagesse qui annonce la lumière à venir est l’Etoile du Matin.

— Le Sud, blanc, est le « Lieu que nous regardons toujours ». C’est de là que vient le vent chaud de l’été. Le Soleil est haut dans le ciel. Le fruit est mûr et tout est plein. C’est l’âge adulte, la maturité aussi bien du Corps que de l’Esprit.

Au Sud vivent l’éternelle Branche-en-fleur et le Grand Cygne Blanc. Celui-ci navigue en lumière comme un Osiris dans la ténèbre d’Au-delà. Il est l’étoile dans la nuit, la vérité, et à la fin il prend son envol en gloire. Il est analogue à la petite flamme, « la Mâyâ de Mahâyana : une petite lumière à l’intérieur d’une pièce obscure : elle commença à grandir et à la fin, elle envahit l’univers. » (Evangile de M).

Les innocents et les bons regardent au Sud, pays de l’Esprit et de la fécondité, car pays de plénitude et de la lumière par excellence. « Ceux qui sont encore dans le sein de leur mère ont déjà leur face tournée vers lui. » (Mardrus, Livre de la Vérité de Parole, Porte I).


LA ROUTE ROUGE ET LA ROUTE BLEUE

— La Bonne Route Rouge va du Nord au Sud, cela veut dire selon sa vertu que, au Nord sont les parents et au Sud ira l’enfant. Au Nord, l’enfant est élevé et accompagné par ses parents en direction du Sud, puis les parents doivent un jour rester en arrière pour que le jeune homme ou la jeune femme vive, même s’ils le ou la protègent un temps encore de leur bienveillance, de leur voix puis de leurs bons vœux. (Mon ami Xavier dit : « Les enfants sont des oiseaux, pfuitt, (silence et geste de s’envoler) un jour ils s’envolent. »).

Celui qui Marche en direction du Sud, à un moment donné, croise la Route Bleue qui est la voie du Vide ; il lutte contre les vents mauvais pour marcher tant bien que mal vers son but encore lointain. La Route Rouge n’est pas la plus facile, car vivre en homme intègre peut être un sacrifice. Mais c’est la seule qui nourrit l’âme et la renforce.

A la fin, il atteint le Sud, son Sud, là où il trouve sa plénitude, ce qui le rend plein lui, ce peut-être : sa vie, son épanouissement, la rencontre, l’amour, la fusion, l’esprit, l’art, la création, la fécondité, avoir des enfants ou toute autre bonheur de l’Âme… Ce qui est son propre Sud est sa propre grandeur, son épanouissement. Il n’y a que lui qui sache vraiment ce que cela veut exactement dire dans son cas.

Vivre sur la Route Rouge c’est aussi vivre en harmonie avec soi, avec les autres, avec la Nature. Car « Tout ce qui se meut sur Grand-Mère-la-Terre marche pareillement sur le Sentier Sacré des Générations. » C’est vivre en homme intègre.

Tatanka Tanka, le Grand Bison, animal sacré qui réunit en lui tous les êtres vivants, nous montre la vertu de la Voie Rouge. Car il donne sa vie, sa chair et sa peau pour nourrir et vêtir la misérable humanité.


— Au contraire, la Voie Bleue est la voie du Vide, le Vide de l’âme. Chacun peut comprendre cela à sa façon, voici comment je le comprends :

L’homme égoïste recherche ses propres satisfactions immédiates, et tout ce qu’il prend, il le prend à l’Âme, à la sienne comme à celle des autres. Sur cette voie, rien n’a de sens, sa propre vie n’a pas d’importance, les autres n’ont pas d’importance. Ne jamais songer à quelque « bien » de l’esprit, mais à la seule satisfaction de son confort immédiat. Ne répondre à aucun appel à l’aide, mais s’en prendre au plus faible. Tout cela au nom de ses propres besoins, seule considération de cet homme égoïste.

La personne dans l’aveuglement, plutôt que de se remettre en cause elle-même, veut « couper les ailes à ses propres enfants », en les infériorisant et les culpabilisant, soit pour les empêcher de devenir libre et les maintenir toujours auprès d’elle, soit en les rejetant à un âge où ils n’ont encore aucune autonomie, aucune possibilité de « Marcher » de leurs propres pas.

La personne matérialiste croit que la seule chose qui compte, ce n’est pas l’amour ni l’esprit, c’est l’ordre social (le statut social et l’obéissance). Elle oblige autrui à vivre dans la domination, et cherche ainsi à « tuer son âme » pour faire adhérer celle-ci à sa propre conception du bien, alors que chacun devrait comprendre le bien à sa manière et être libre de vivre comme il ou elle l’entend.

Dans le langage sioux, la voie Bleue est la voie qui mène de l’Est à l’Ouest : de la lumière matinale à l’obscurité. Qui mène de l’espoir à la corruption, c'est-à-dire là où sont les monstres aquatiques des fluides morbides, maudits ou incestueux, monstres dont Unkcegila est l’hyperstase (en Egypte, c’est le serpent Apopis).

Le Grand Bison Dément, qui est le contraire du Bison véritable, en se faisant passer pour celui-ci, attire les gens sur la Voie maléfique. (Ce Bison Fou rappelle chez les gnostiques le Démiurge ou faux Dieu qui a pour nom Yadalbaoth.) Il souffle les vents mauvais pour entraîner les gens dans le Vide en leur faisant commettre des actions néfastes.

— La Route Rouge est la route de tout ce qui Marche sur Grand-Mère-la-Terre selon la Loi du sang des générations. Le sang est aussi le fluide de la Création, car le Rocher Bleu, être primordial, a Saigné ses pouvoirs afin de faire vivre la Terre et de la protéger du froid en créant le Soleil, la Lune, le Mouvement Sacré et toutes les Choses Vivantes.

C’est pour cela que les Sioux lakota, une fois par an, dansent la Danse-en-regardant-le-Soleil : c'est-à-dire qu’ils se tournent vers le Sud où tout est plein et percent leur chair pour faire couler leur sang pour que les malades, les vieux, les gens menacés de mort, etc., retrouvent la santé. Pour les Sioux traditionnels, ce n’est pas Jésus qui souffre tout seul sur sa croix, c’est chaque être humain qui peut souffrir pour aider les autres. Et la seule et unique chose que possède un être humain étant son Corps, une fois l’an ils dansent en cercle, quatre jours et quatre nuits sans repos, et offrent leur sang, en véritables Rocher et Bison, pour que Vivent tous ceux qui n’ont pas de chance.


LES QUATRE ÊTRES AILÉS

Sur notre vie dans ce monde, est la plus grande bienveillance, la grâce de l’amour : quatre Être Ailés veillent du haut des Quatre Vents sur les vivants, sur Tout ce qui se meut sur Grand-Mère-la-Terre. Ils sont sept en ajoutant le Ciel, la Terre et le Grand Mystère. Ces Êtres, « leurs plumes sont longues et leurs ombres sont longues », « leurs ailes battent incessamment », langage figuré : ils veillent sur chacun de nous et ont le Pouvoir de nous Aider à Marcher d’un pas ferme, contre les vents mauvais, sur le Chemin Rouge et Sacré des Générations, en créant le Souffle universel de la vie. Ils sont aussi appelés « les Grands-Pères ».

Celui qui chemine est ainsi relié à l’univers par la parenté des Êtres Ailés : « Dis-leur : Je suis le fils de la Terre et du Ciel étoilé ; j’ai pour nom Astérios (l’Astral, le cosmique). Je suis desséché par la soif ; mais laissez-moi boire à la Source. » (tablette découverte à Pharsale en Grèce).


TOUT EST CERCLE

Le Monde est « Grand-Père Grand-Mystère ». Il réunit en lui les quatre directions ou Quatre Vents. Il y a quatre directions, avec des couleurs différentes, mais l’horizon les réunit toutes en un seul Cercle. Donc ce qui est Un est Multiple, ce qui est Multiple est l’Un.

Ce Cercle est comme une roue qui tourne, une roue qui va de la nuit au jour, de l’hiver à l’été. Car le Soleil et son mouvement sont Cercle. La Lune et son mouvement le mois lunaire également. La pupille du regard qui nous aide à nous relier à ce qui nous entoure et au-delà, est Cercle. Et nos actions nous reviennent toujours un jour ou l’autre à la manière d’un Cercle. Le vent le plus fort tourbillonne en Cercle. Le vent, le jour, le mois lunaire, les quatre saisons, l’horizon, les astres, le nid, le tipi, les troncs des arbres et nos actions, l’Œil unique qui foudroie et l’ Œil du cœur, tous sont Cercles, car tout tend à être en Cercle dans la Nature.


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T U N K A Ś I L A W A K A N T A N K A
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Wakantanka est surtout appelé Grand Père (Tunkaśila) car l’Homme Rouge n’ose que rarement s’adresser à lui à travers son nom véritable. D’ailleurs pour faire mieux encore, certains demandent aux pierres de porter leurs prières à Grand Père.


« LA NATURE EST DIEU, DIEU EST NATURE »

Les Quatre Vents sont le Monde et tout ce qui existe. C’est aussi le Corps de Wakantanka, le Grand Mystère. Son nom signifie : « GRAND ENSEMBLE DE TOUT CE QUI EST SACRÉ ». « Dieu » Wakantanka n’est pas un vieillard barbu qui dirige le monde. Mais il est présent dans la beauté et l’âme de toute chose en notre monde. On ne peut pas le connaître avec la vue, l’ouïe… seulement avec l’esprit. Il peut être dans un paysage naturel, dans un geste de solidarité, même une tasse de café ; il est là où il y a de l’esprit. Il n’est pas au ciel, mais caché sur la Terre.

Nous sommes à l’intérieur de Lui et Il est à l’intérieur de Nous.

Chaque être vivant peut nous apprendre de belles choses pour l’âme, chaque être vivant est, de manière caché, en totalité le Monde et la Lumière, Wakantanka. Même le Ver de terre, la Fourmi, le Brin d’herbe sont Sacrés et sont le Grand Mystère tout entier.

Au fond de tous les êtres réside une petite flamme capable d’envahir l’univers entier.

Nos ancêtres savaient que toute nourriture est Sacrée, c’est le Don de la Nature et de l’Esprit de l’Animal ou de la Plante. Ils parlaient à l’animal tué en lui expliquant, comme le font toujours les Hommes Naturels : « Je t’ai tué, et nous allons te découper, te partager, te préparer afin de te manger. Nous faisons cela pour vivre. » On peut toujours rendre hommage même à l’animal d’élevage, (dont la déchéance est également la nôtre, car en ce monde ne sommes-nous pas aussi d’autres esclaves réduits à servir toute notre vie les puissants ?) avec d’autres paroles : « Je t’ai acheté tel et je vais te préparer afin de te manger. Je fais cela pour vivre à l’instar des miens. » Les Hommes Naturels parlent à la Nature, aux arbres, à toute chose vivante. Ils continuent de le faire même en exil de la Nature : à ce qu’il en reste au nom de ceux qu’ils sont encore.

Wakantanka est Un, qui est Quatre, qui est Tout ce qui existe. Grâce à cela, j’ai compris que les murs et les séparations entre les hommes sont inutiles : racismes, frontières, domination, pouvoir, patrons, Etat, hiérarchie, accumulation de richesses, vouloir toujours avoir raison, se croire meilleur… tout cela est mensonges qui Divisent les êtres humains. Tous ces murs et toutes ces prisons où l’on enferme les gens du berceau à la tombe, c’est le contraire même de ce que signifie Wakantanka !


LES SEPT DEGRÉS DE L’IMPLORATION

Wakantanka est notre monde, avec sa Route Rouge et ses Quatre Vents. Mais l’Un et les quatre directions sont également sept : les quatre directions, plus le Ciel, la Terre et le Grand Mystère. Dans une cérémonie sacrée, l’Imploration, la prière lakota, s’adresse aux sept directions de l’univers, de manière à faire passer par sept étapes spirituelles l’élan humain.

Voici les trois directions « supplémentaires » qui font que 1 = 4 = 7.

— Le Zénith, ou Ciel, cinquième direction, est bleu. C’est le Mouvement céleste, à la fois du Soleil, de la Lune, des Planètes, des Etoiles, des Nuages, et de tout ce qui vit, change, bouge sur la Terre. Il est le réservoir de la vie, et aussi des Visions. Car nos Visions existent au Ciel et descendent à nous sur le dos de l’Aigle.

— Le Nadir, Grand-Mère-la-Terre, appelée aussi Notre-Mère-la-Terre, ou la Nature, est celle de qui nous sommes sortis, celle qui nous a donné notre Corps et celle sur qui nous Marchons. Elle est verte, de la couleur de la végétation, car elle fait croître tous les êtres vivants qui nous nourrissent et nous offrent toutes choses pour vivre (à part les pierres, nos ancêtres n’avaient pour vivre que les plantes et les animaux, à la fois pour se nourrir, se loger, se vêtir, se réchauffer d’un feu…, or, pour eux, même les pierres étaient vivantes).

A travers le Grand Bison, la Nature prend soin de nous. Quand le premier humain a quitté le monde des Fourmis, il est monté dans un conduit en forme de spirale, qui participe du signe du « bison » en langue signée amérindienne. Il a émergé à la lumière. Mais il était nu, il avait froid et faim, et il était au bord de la mort. Alors le Bison a eu pitié de lui et lui est apparu pour le nourrir et le vêtir, lui disant :

« Regarde toute cette herbe qui pousse à l’infini, tout cela est pour toi dans cette viande. Je te la donne pour te nourrir, car aussi longtemps que cette herbe poussera, je te nourrirai.
Regarde toute cette herbe qui pousse à l’infini, tout cela est pour toi dans ces vêtements et ces peaux. Je te les donne pour te vêtir et te loger, car aussi longtemps que cette herbe poussera, je te vêtirai et te logerai.
Et ainsi toutes choses utiles tu obtiendras de ma vie et de ma mort, car je te fais dès aujourd’hui et pour toujours mon petit frère.
Je veillerai toujours sur ta vie.
Car je suis le Grand Bison, le Véritable qui réunit en lui toutes les créatures pour que tu Vives, ô être humain. »

— La septième direction est de couleur bigarrée, à la fois rouge et bleue, c’est celle du Grand Mystère, de Wakantanka. Ce sont ces deux couleurs qui formulent le Chemin Rouge et le Chemin Bleu, et aussi notre monde : le Soleil du jour est dit Rouge, le Soleil de nuit (la Lune) est dit Bleu. La prophétie annonce : « Quand le Soleil paraîtra bleu et la Lune rouge, ce sera la fin du monde. » Les deux couleurs rouge et bleu signifient une fin, et un passage, c’est aussi la fin du monde matériel et le Temps du Sacré, l’Illumination pleine et entière.

Ces sept directions sont les sept directions priées lors des sept grands rituels. Un Sioux lakota offre son Souffle visible à ces sept directions dans l’ordre où elles ont été ici énoncées. Ainsi voyage sa prière, son Imploration, dans les sept mondes du Mystère, pour que les paroles s’envolent jusqu’au septième degré : Wakantanka.


LE SACRÉ EST LE PARADOXE

Ainsi, les sept directions forment le Mystère, Wakantanka, qui est aussi Wakan kin, le Sacré. Le Grand Mstère est si sacré que l’on ne peut rien dire de lui. C’est ce que les Hindous appellent l’Âme (Âtman), la Formule universelle (Brahmân). C’est ce que les Egyptiens ont désigné par le Caché des Cachés (l’Amon des Amen), il est l’Auto-engendré des Gnostiques, car lumière dans la nuit, il est… le Paradoxe.

Le Paradoxe est la clé de la compréhension. Ici, la voix s’arrête. Tout prend une autre dimension. Un autre langage. Là où est le « jour rouge et bleu » se termine l’apparence et commence l’esprit.

Le Paradoxe : ce qui est « petit » deviendra « Grand », immensément.

Le Paradoxe seul est la Beauté invisible qu’on ne voit qu’avec l’Œil du cœur. Et l’on ne peut le définir, seulement parfois le ressentir avec son Âme. Il est l’illumination, la lumière sans mélange, l’Union Sacrée. Y réfléchir ne sert à rien, la Connaissance est par notre Âme.

Le Paradoxe est Petite-Ombre. C’est pourquoi on ne peut le définir, c’est au-delà du monde et au-delà des mots qui parlent du Sacré. C’est par la pureté du cœur qu’on peut le Voir. Les Animaux, les Plantes en sont les porteurs éminents, car ils représentent la Beauté sacrée du Vivant. Pour l’adorateur, Petite-Ombre est son Objet d’adoration. Pour le chasseur mystique, la Proie divine. Elle apparaît en Idéal, lumière déversée dans l’idole, qui ouvre le passage vers la plénitude ineffable, Soleil ultime dans lequel se fond le Voyageur ; ainsi elle réside de toute éternité au fond de l’être qui la Voit et l’embrase pour être Soleil adorant l’univers.

Qui sait cela de son cœur pur et l’honore d’une vie droite
C’est-à-dire qui le Vit avec pour source de connaissance :
l’Œil du cœur,
l’Oreille de la Terre,
sa propre Ombre parfaite du pays de Vérité,
son Idéal dans le pays de l’Ineffable,
qui est attentif à tout ce qui l’entoure,
qui se Souvient de ses Visions éternelles
qui rampe comme un ver de terre pour implorer la lumière
n’est pas simplement comme un Homme Naturel, comme un homme archaïque,
il est dans l’universalité : Celui qui marche dans la Vérité,
celui qui est Pitoyable et sur lequel penche pour le regarder Wakantanka.


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N O T E
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Pour comprendre ces choses, il faut pouvoir s’arrêter un long moment, rechercher le silence et l’introspection. L’adoration. L’adoration spirituelle est le nectar, la nourriture immortelle. Ce n’est qu’en affrontant ainsi son propre vide qu’on vainc ses souffrances et que l’on obtient l’harmonie intérieure, que l’on se remplit vraiment.

( Notre époque favorise au contraire le bruit et l’absence de concentration, et, par son manque totale de liberté, pousse les gens à s’adonner à toutes sortes de distractions passives et électroniques « pour oublier ». Ainsi on tue son imagination à force de la fuir. Il ne faut pas craindre de débrancher les appareils qui nous abrutissent, puisqu’ils ne sont pas vivants. On peut d’ailleurs entendre à la télévision ou à la radio la voix de l’égoïsme et de la méchanceté. Cela peut sembler à certains difficile de couper les machines pour un temps, mais si l’on réussit à le faire assez longtemps, on se sent mille fois mieux et on a le choix de les rebrancher… ou pas. )


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L E S A C R É
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CE QUI EST CACHÉ, CE QUE L’ON CHERCHE, LE CHEMIN, LA LUMIÈRE, LE SOLEIL, LA PLÉNITUDE, L’ÂME, L’ÊTRE ET L’INDICIBLE…

La voie spirituelle ne mène pas à adorer le ciel mais toute vie en notre monde. Car ce qui est divin est Paradoxe, seul le Paradoxe est divin ! Et il n,’est possible de le ressentir qu’à partir de notre condition, dans la plus grande humilité, c'est-à-dire à partir de l’imperfection et de l’état misérable (Unsike) du ver de terre (Waglula) qu’est l’être humain qui Implore (wocekiye). Car de la petitesse seule viendra la grandeur.

L’Absolu est ce qui est au-delà de ce qu’on peut voir avec nos yeux ordinaires. On ne peut le comprendre avec notre intelligence. C’est, au contraire, une vérité profonde et cachée, que l’on ne peut voir qu’avec l’Œil du Cœur. La Voie spirituelle va alors en Lumière à la Lumière, en Plénitude à la Plénitude, vers le Soleil, vers l’Âme universelle, l’Être par excellence et universalité. Il y a impossibilité de décrire Cela, comme de le comprendre par intelligence. C’est l’Âme qui s’embrase, se fond en retournant à sa source première et ultime, en toute Illumination. « et tu te fonds au fil du fleuve sacré, dans le sein du soleil de vérité » (Mardrus, le livre de Vérité de parole).

Un autre degré de langage étant nécessaire, les livres des Hindous ont fixé ce qui permet de deviner ce qu’est le Sacré.

Enseignements de Râmakrishna :
‘Vous cherchez Dieu ? Alors cherchez-Le dans l’homme ! […] Dans un tel homme, Dieu s’est incarné.’ (481)
‘Les êtres ordinaires sont les créatures de Dieu.’ (954)
‘Dieu existe et tous les êtres et tout l’Univers sont Ses manifestations.’ (1047)
‘Une feuille de tulasî (basilic sacré), même minuscule, même desséchée, peut toujours être offerte à la Divinité.’ (1500)
‘L’Absolu est la seule vérité, l’univers est irréel. Réalisez cela.’ (1083)
‘Un homme qui arrive à la vraie sagesse voit Dieu en lui, dans le fond de son âme.’ (1407)
‘La connaissance qui purifie l’esprit et le cœur est la seule vraie Connaissance.’ (194)

‘Dans l’état de samâdhi (fusion animique), le raisonnement cesse, l’homme devient muet. Il n’a pas le pouvoir de décrire ce qu’est le Brahmân (la formulation universelle).’ (Evangile de M)

‘Tu demandes ce qu’est le Brahmân ? C’est ton propre âtman (âme) qui est intérieur à tout.’ (Brihad Upanishad)

‘Car je suis l’huile / cachée dans le sésame, / la flamme dans les bûches, / la crème dans le lait, / le parfum dans les fleurs : / en tant qu’Âme je suis / le meilleur de chaque être !’ (Vasudeva Upanishad)

‘Plus petit que ce qui est le plus petit, plus grand que ce qui est le plus grand, l’âtman repose, caché dans le cœur de la créature. Le sage, l’affranchi du désir, dont les sens sont apaisés, aperçoit en lui-même la majesté de l’âtman. Immobile, l’âtman voyage au loin, sans bouger il parcourt l’espace. La douleur du sage cesse dès qu’il connaît l’âtman immense pénétrant partout, sans corps au milieu des corps, stable au sein des choses transitoires. Cet âtman ne peut être atteint ni par l’étude, ni par la science ; c’est par l’âtman lui-même que l’âtman peut être connu. L’âtman du sage reconnaît alors sa propre essence.’
(Kathaka Upanishad, I, II, 20-23)

‘Il est des mondes sans soleil / Tout couverts d’aveugles ténèbres / Après mourir s’y rendent / Tous ceux qui ont tué leur âme.’
(Ishâ Upanishad : 2.5.)

‘Nous T’approchons jour, après jour / Agni qui brilles dans la nuit / Avec nos chants et notre hommage !’
(Hymne à Agni du Rgveda-Samhitâ.)

‘Unique et sans bouger, Cela
va plus vite que la pensée :
les dieux ne L’atteignirent point
quand Il courait devant eux ! […]
Et celui qui discerne
que tous les êtres sont dans l’Âme
et que l’Âme est dans tous les êtres
celui-là ne s’en détache plus. […]
Toi, l’unique Voyant,
Pûshan, Yama, Soleil,
fils de Prajâpati,
rayonne ici pour nous !
mets en nous ta lumière ! […]
Toi qui sais les cheminements,
conduits-nous par le bon chemin,
Agni, à la ‘richesse’ !
Garde-nous de l’égarement !’ (Ishâ Upanishad)

‘Te contemplant, vaste océan
de joie
réservoir de toutes vies,
nectar de délices,
or resplendissant, joyau,
essence première de non-dualité
qui demeure en moi, souveraine,
radiance infinie, enveloppant l’entour,
infinitude illuminée de gloire,
Joie — ô Joie !’
(extrait d’un poème de Thayuma Navar, cité par Etude sur Ramana Maharshi, Ed. Adyar)

‘Le mouvement d’un cœur qui, de même que l’eau du Gange se rend à la mer, est incessamment attiré vers Moi, — Moi, l’asile de toutes les âmes.’
(Bhâgavatapurâna)

‘Toutes les créatures, ici bas, ont l’Être pour racine, l’Être pour refuge, l’Être pour support’
(Chandogya Upanishad)

‘L’Âme est du miel pour tous les êtres, et tous les êtres sont du miel pour cette Âme. Quant à ce personnage fait de feu et d’ambroisie qui réside dans l’Âme, personnage qui, du point de vue humain, réside dans notre Âme, il est l’Âme en vérité, il est l’Ambroisie, le Brahmân, toutes choses.
Oui, cette Âme est le Seigneur de tous les êtres.
De même que les rayons d’une roue de char sont tous fixés à la fois à la jante et au moyeu, de même les êtres, les dieux, les mondes, les souffles, les âmes, sont tous fixés à l’Âme.’
(Célébration du Miel, Brihad-Âranyaka Upanishad : 2.5)


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BIBLIOGRAPHIE
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TAHCA USHTE (ou LAME DEER), avec ERDOES, Richard, De mémoire indienne La vie d’un Sioux, voyant et guérisseur / trad. de Jean Queval, Nouvelle éd. revue et corrigée, Plon, coll. Terre Humaine, 1991, Paris, titre original: Seeker of Visions.

ELAN NOIR (ou HEHAKA SAPA ou BLACK ELK), Les rites secrets des Indiens sioux / trad. de Frithjof Schuon et René Allar. Ed. Le mail, 1972.

DUBANT, Bernard, Tradition sioux Le sang bleu du vieux rocher, Guy Trédaniel Ed., 1992.

CROW DOG, Leonard, Fils de la Nation Sioux Vie et combats d'un homme-médecine lakota / trad. Hélène Fournier, coll. Terre indienne, Albin Michel, 1998, Paris, titre original: Four generations of sioux medicine men, 1995.

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